Les témoignages

La ligue du LOL – Groupe de journalistes accusés de cyber harcèlement

février 2019

Le monde des médias était secoué par le scandale de la "Ligue du LOL", collectif actif au début des années 2010 regroupant, sur Facebook et Twitter, une trentaine de journalistes et communicants parisiens dont l'objectif était de faire des blagues en privé. Mais certains d'entre eux sont allés plus loin et ont versé dans l'humour noir, les insultes, les menaces et le harcèlement dont les personnes visées étaient principalement des femmes. – L’internaute –

Historique

La "Ligue du LOL" est le nom d'un groupe Facebook privé, créé par le journaliste Vincent Glad. Il a regroupé une trentaine de personnes, essentiellement des hommes, journalistes, blogueurs, ou issus du monde de la publicité comme de la communication. Tous étaient à l'époque identifiés comme des "influenceurs" sur Twitter qui soit disant passant n’avait pas la même popularité d’aujourd’hui.

La Ligue du LOL faisait surtout des blagues qu’on ne pouvait pas faire en public soit sexistes, homophobes, racistes, antisémites. Il y avait ce côté voyeur des personnes de Twitter, en s’échangeant des liens, des photos, ils se moquaient des gens.

Certains membres de la Ligue du LOL iront jusqu'à interpeller en meute et à répétition d'autres utilisateurs, objets de leurs moqueries ou d'attaques plus violentes, comme l'envoi de photomontages pornographies, d'appels au viol ou la publication de canulars téléphoniques. Leurs cibles : des personnes selon eux plus facilement attaquable et plus faible : DES FEMMES.

Les témoignages

Elles ont brisé le silence et confessé le harcèlement dont elles ont été victimes.

Daria Marx, militante féministe et cofondatrice du collectif Gras Politique

"J’ai vécu de nombreuses années sur Twitter en ayant l’impression de fuir un sniper, d’avoir de la chance d’échapper aux balles virtuelles d’une armée devenue folle.
A chaque tweet, à chaque photo partagée, je craignais d’être débusquée et descendue.

A chaque gueulante féministe ou contre la grossophobie, je savais que j’allais payer le prix de ma liberté d’expression, le prix de mes idées jugées nazes par un petit groupe de harceleurs, la ligue du LOL."

Capucine Piot, journaliste

"Je sors du silence. Ça a commencé à l’époque où je faisais mes premiers pas dans la presse féminine. J’avais environ 21 ans, je n’avais pas confiance en moi et j’étais sur Twitter. La ligue du LOL m’a repérée et a commencé son travail. Petit à petit, montages photos/vidéos visant à se moquer de moi, archivage des petites bêtises que j’avais pu tweeter pour me les ressortir systématiquement.

Pendant des années, critiques récurrentes sur mon apparence. A un moment donné, j’en suis arrivée à un stade où je me détestais. J’ai eu des idées sombres. À force de lire des saletés sur moi partout sur les réseaux, j’ai été convaincue que je ne valais rien. Ça a été très dur dans ma construction de jeune femme."

Nora Bouazzouni, journaliste et traductrice

"Ils étaient absolument infâmes sur Twitter. C’était de l’acharnement, je me suis fait harceler, avec des insultes, des photomontages, des gifs animés avec des trucs pornos avec ma tête dessus, des mails d’insulte anonymes

Parce que déjà, les rapports de force sont complètement déséquilibrés. Des mecs blancs bien insérés dans le milieu, entourés de "cool girls" qui joignent la curée du harcèlement parce que why not ? Plus on est de fous plus on rit !!!"

Conclusion : voici « l’alibi » de Vincent Glad fondateur de la Ligue du LOL,

« L’affaire a éclaté suite à une série de dénonciations sur les réseaux sociaux. Je me retrouvais soudainement à la une des médias du monde entier, devenant le temps de deux folles semaines : l’ennemi public numéro 1.

Mon crime ? Avoir créé un groupe Facebook au début des années 2010. J’ai été licencié par mon employeur et cancelled par une opaque juridiction. Littéralement sommé de me taire à tout jamais, et si possible de disparaître. Je n’ai pas commis le moindre délit.

La Ligue du LOL n’était pas un groupe dédié au harcèlement. La Ligue du LOL n’était pas un boy’s club agrémenté de quelques “schtroumpfettes”. La Ligue du LOL n’organisait pas de raids de harcèlement. La Ligue du LOL n’avait pas d’obsession anti-féministe. La Ligue du LOL n’était pas un instrument pour prendre le pouvoir au sein de la presse parisienne.

Voilà que je me terre dans le silence, que je ne reviens pas sur cette fâcheuse affaire parce que j’ai tout simplement peur. Peur de cette foule enragée qui s’est abattue sur moi en ce funeste mois de février. Peur de ces menaces de mort qui peuvent resurgir à tout moment. »


Sous ce topic, vous êtes invité(e)s si vous le souhaitez à pouvoir poster divers témoignages concernant le cyber harcèlement, vos expériences, l'expérience de vos proches en gardant l'anonymat.